EDITORIAL en francais

Submitted by Anon on 26 March, 2003 - 4:46

UNIR LA GAUCHE POUR AFFRONTER LES NOUVEAUX DEFIS !

Il existe aujourd'hui des ouvertures pour la gauche révolutionnaire telles que nous n'en avons pas connu depuis deux décennies. Le soulévement puissant d'opposition à la guerre de Bush et de Blair contre l'Iraq, avec la montée du mouvement anti-capitaliste et le renouveau encore limité mais vraiment important du véritable syndicalisme en GB, se combinent pour créer cette situation.
Une organisation unifiée de la gauche révolutionnaire pourrait aujourd'hui recruter et éduquer politiquement des milliers de nouvelles personnes. Nous sommes face à des opportunités mais aussi des dangers, en tout premier lieu, le danger le plus immédiat est celui de rater cette chance. Et il serait criminel que nous rations celle-ci de notre propre fait.

Malheureusement, l'organisation unie de la gauche dont la classe ouvrière a besoin n'existe pas. Ni, d'ailleurs dans une toute autre mesure, une gauche marxiste politiquement adéquate.

Ce qui existe c'est un nombre considérable d'organisations qui ont leurs racines dans la tradition trotskiste - la tradition de ces communistes qui, dés le début des années 20', se sont opposés à la classe dirigeante stalinienne qui avait pris le pouvoir en Russie sociétique et le controle des partis communistes - mais qui ont évolué et subi des mutations dans différentes directions à travers les décennies.

De façon typique, ces groupes sont organisés comme des sectes plus ou moins autoritaires. Depuis de tès nombreuses années, les groupes et groupuscules de l'Archipelle néo-trotskiste ont peu de contact entre eux, et presque pas de collaboration sur les choses où pourtant ils sont en accord, et pas de dialogue sur les questions politiques qui les divisent.

Au cours des dernières années, il y a eu des progrés avec la Socialist Alliance. Pour des raisons pratiques, la prise en main du Labour Party par les Blairistes a privé les syndicats qui constituent le fondement du mouvement ouvrier, d'une représentation parlementaire efficace pour la première fois depuis un siècle. Des secteurs de la gauche marxiste ont répondu à cette situation en faisant ce que la gauche française a réalisé avec des succés spectaculaires, s'allier pour les élections.
[NdT: par gauche, ici, il faut entendre ce que l'on appelle extrême gauche ou gauche radicale en terminologie politique française. Le seul cas d'alliance électorale à laquelle peuvent se réferrer les camarades n'est pourtant que la liste LO-LCR des Européennes de 1999 ].

Cela a conduit à la création d'une organisation flexible chapeautant cela, et au sein de laquelle il y a plus de dialogue inter-marxiste que durant plusieurs décennies, et la tentative de créer la structure démocratique sans laquelle il ne peut y avoir de collaboration régulière à long terme entre les différents courants.

En principe, la Socialist Alliance peut évoluer, étape par étape, jusqu'à devenir un parti révolutionnaire au sein duquel les organisations composantes pourraient aboutir à une unité organique. Néanmoins, la SA ne montre aucun signe allant dans ce sens.

Les conflits avec le groupe le plus gros de la SA, le SWP, ont déjà conduit au retrait de la deuxième plus grosse des organisations, de plus fondatrice de la SA, le Socialist Party.

Il y a deux sortes de contradictions qui excluent de façon probable le développement de la SA en un parti révolutionnaire.

Une entité faiblement structurée comme la SA qui, bien quelle fasse d'autres choses et pourrait en faire plus, n'a néanmoins de cohésion fondamentale qu'autour d'une activité définie, se présenter aux élections, n'a pas de possibilités de résoudre démocratiquement les divergences politiques sérieuses, excepté pour sa plus grosse composante, le SWP, qui elle a ses moyens propres et surpasse en poids les autres organisations.

Cela signifie que les processus politiques essentiels qui déterminent ce que la SA va dire et faire se déroulent à l'extérieur de l'Alliance, au sein des organisations composantes.

L'Alliance, quelque soit la forme utilisée pour le débat et la prise de décision démocratiques, ne peut être démocratique que pour autant que le sont ces composants, et en premier lieu le plus gros, le SWP. Cependant, le SWP est une organisation autocratique, non démocratique qui ne débat pas publiquement dans sa presse et très peu en interne.

Aussi, tandis que l'Alliance apparait comme un grand pas en avant vers l'unité de la gauche et un formidable encouragement à aller plus avant, et pour cela l'AWL est partie prenante et entend le rester , la SA est une forme très limitée de l'unité de la gauche et simultanément, elle constitue une barrière pour la création d'une unité organique de la gauche au sein d'un seul parti révolutionnaire démocratique et rationnel.

Nous avons besoin de beaucoup plus que cela. Les nouvelles opportunités nécessitent plus que l'Alliance, à la fois pour une nécessité urgente et une possibilité objective.

Mais cela est-il vraiment possible ? Que pouvons-nous faire pour le rendre possible maintenant ? Toute réponse à cette maladie de la division inutile implique nécessairement un bilan de comment nous en sommes arrivés à la situation présente.

La politique révolutionnaire est un processus de groupement et de regroupement, encore et encore, autour des réponses qui façonnent les sujets politiques quotidiens. Par exemple, l'unité limitée, réalisée à ce stade dans la SA, est un regroupement en réponse à l'événement de plus important de la politique ouvrière des dernières décennies, à savoir le hold-up réalisé par les Blairistes sur le Labour Party. L'idée centrale qui a conduit l'AWL à aider au lancement de la SA ( connue au départ sous le label "United Socialists" ) était celle du besoin de restaurer la représentation politique des salariés et du mouvement ouvrier au Parlement.

Il y a 80 ans, les Partis communistes se sont différenciés des Sociaux-démocrates et se sont organisés en réponse à l'appel de la Révolution russe, avec la fondation d'une nouvelle Internationale Ouvrière (l'Internationale Communiste), et avec la détermination d'apprendre les leçons qui avaient conduit à la victoire ouvrière en Russie en 1917 pour les appliquer par eux-même ailleurs.

Le mouvement trotskiste, qui se tient sur les bases politiques originelles de l'IC, a été lui aussi le produit d'un événement fondateur d'une portée mondiale, mais négatif celui-là pour la classe ouvrière, la contre-révolution stalinienne en URSS.

Les gros PC et l'IC sont tombés sous le controle de l'autocratie stalinienne qui avait pris le pouvoir en Russie. Durant les crises mondiales des années 20', 30' et 40', ceux qui sous la direction de Léon Trotsky se sont maintenus sur les positions originelles de l'IC ont été réduits à des groupes minuscules, persécutés et souvent emprisonnés ou asssassinés simultanément par les fascistes, les staliniens et les démocraties bourgeoises.

La mort de Trotsky, assassiné par un agent de Staline en aout 1940, la division du monde après la seconde guerre mondiale, entre l'empire stalinien d'un coté, et les puissances capitalistes sous la direction des USA de l'autre, et le renouveau de la croissance et de la prospérité capitalistes après l'énorme déclin survenu entre les deux guerres mondiales, ont signifié que les groupes trotskistes survivants, dont beaucoup de leurs cadres les plus expérimentés et les plus compétents avaient été tués à travers toute l'Europe, sont restés petits et isolés, aux prises avec d'énormes problémes politiques. En général, ils ont subit un déclin catastrophique de leur culture politique. La plupart d'entre eux ont adopté pour eux-même, de façons variées, le style en apparence "triomphant" d'organisation des partis staliniens. Une exception, mais en certains points une exception partielle, fut le courant politique dirigé par Max Shachtman et Hal Draper. Le résultat de tout cela est le chaos qui existe en Grande Bretagne et dans de nombreux autres pays aujourd'hui.

Unir la gauche révolutionnaire ou du moins l'essentiel de celle-ci requiert deux choses : une rénovation politique et une méthode d'organisation renouvelée, démocratique, rationnelle et anti-autoritaire.

Ces deux choses sont inextricablement liées. Il ne peut pas y avoir d'auto-renouvellement politique et de développement politique vivant en réponse au monde perpétuellement changeant sans la libre discussion. Et il ne peut y avoir de libre discussion sans une organisation qui soit exempte de tout dogme, de toute indifférence à l'égard de la grande et saine tradition réelle de Lénine et de Trotsky, du pouvoir déformant des grands prêtres et des prophétes auto-proclamés ou des colléges de cardinaux, et de toute répression des opinions minoritaires telle qu'elle se pratique dans beaucoup des groupes ( avec comme conséquence des sous-groupes qui combattent pour prendre la place du dictateur ou s'ils perdent, choisissent par facilité de scissionner et de fonder un nouveau groupe).

Ces préconditions ne sont pas remplies par la plupart des groupes de la gauche révolutionnaire. Un résultat en a été une dégénérescence politique progressive. L'exemple le plus frappant est fourni par la descente du SWP dans la politique du front-populisme, c'est à dire des alliances inter-classistes, en direction des Libéraux, et dans le cas de l'Anti-Nazi League en direction des Tories, et au sein du mouvement anti-guerre en direction des Frères Musulmans (le MAB en GB), le plus vieux parti fondamentaliste islamique du monde, dont l'orientation politique dans les pays musulmans et au sein des communautés musulmanes en GB équivaut au fascisme.

Y a-t-il une autre voie possible ? Oui ! La première chose est de reconnaitre et de définir notre situation pour ce qu'elle est vraiment. Trop souvent, des gens s'enfuient dégoutés face à la confusion qui régne à gauche. Ce fait seul contribue à maintenir la situation en l'état. La tache urgente est de changer cela par un renouveau politique et une reconstruction organisationnelle.

Le prérequis pour tout dialogue politique sérieux est de reconnaitre que la nature véritable des groupes politiques de gauche n'est pas favorable à la libre discussion et au débat ouvert sans lesquels il ne peut y avoir de renouvellement politique. Le chemin pour avancer à partir de l'état où nous sommes est de se mettre d'accord sur les bases politiques et organisationnelles minimales pour une unité au départ ample, souple mais organique, contrairement à la Socialist Alliance, qui offrirait la possibilité d'une croissance en un seul parti intégré.

En guise de principales bases politiques pour un regroupement révolutionnaire, nous proposons :

  • Travailleurs de tous les pays, unissez-vous ! Face à la globalisation du capital, opposons la solidarité globale ! Contre toutes les guerres exceptées celles de libération nationale ou sociale ! Solidarité avec les peuples d'Irak à la fois contre l'agression guerrière et contre le régime baasiste.
  • Le socialisme, qui signifie non pas le modéle stalinien mais son opposé, une société rebatie selon les principes de la solidarité ouvrière et de la démocratie réelle.
  • L'auto-libération de la classe ouvrière comme moyen du socialisme, et à partir de là le combat pour l'indépendance politique de la classe ouvrière et l'opposition aux "fronts populaires".
  • Une orientation en direction des salariés et du mouvement ouvrier tels qu'ils sont, afin de transformer le mouvement ouvrier. Soutien actif et participation aux luttes des salariés à tous les niveaux, y compris les plus petites actions syndicales. La démocratie et le débat ouvert au sein du mouvement ouvrier; pour un mouvement de la base et des militants au sein des syndicats. Pour la promotion de la représentation politique des salariés au Parlement, au moyen de candidatures indépendantes mais aussi de campagnes dans les syndicats pour que ceux-si s'affirment eux-même dans les structures du Labour Party pour combattre la machine du New Labour de Blair, et travailler en direction d'un nouveau parti des travailleurs large.
  • Pour un gouvernement des travailleurs, un gouvernement basé sur et redevable devant le mouvement ouvrier, qui mettrait en avant les intérets des salariés contre la résistance des capitalistes: restauration des droits syndicaux, reconstruction des services publics sous propriété publique et sous controle des travailleurs et de la population, taxation des riches et expropriation des grands groupes capitalistes.
  • Pour une démocratie réelle, comme base du socialisme, et comme quelque chose qui doit être défendue y compris dans les batailles partielles immédiates sous le capitalisme, et internationalement. Les travailleurs de chaque nationalité doivent faire appel aux travailleurs des autres nationalités avec l'assurance qu'ils ne toléreront aucune oppression contre eux mais rechercheront l'égalité sans privilége sur les autres. Solidarité avec les Palestiniens et soutien des droits d'Israel : deux nations, deux Etats. Pour une Irlande libre unifiée avec une autonomie pour les zones à majorité protestante du Nord-Est.
  • Pour la libération des femmes, contre le racisme et les controles migratoires, pour l'égalité des lesbiennes et des gays.
  • Pour la construction d'un parti révolutionnaire conçu non comme une secte auto-suffisante mais selon la logique et les besoins de la lutte des classes sur les trois fronts : économique, politique et idéologique.

Et sur quelle base organisationnelle minimale ?

  • S'organiser sur les lieux de travail et dans toutes les organisations de masse ouvrières sur la base d'une discipline dans l'action décidée majoritairement ;
  • Des structures démocratiques permettant la libre discussion et les droits d'expression des minorités au sein des comités du parti et dans la presse publique ;
  • Au moins pour une phase transitoire, le droit des minorités d'avoir leurs propres organes de presse à coté de la presse du parti unifié.

    Solidarity/Workers' Liberty

This website uses cookies, you can find out more and set your preferences here.
By continuing to use this website, you agree to our Privacy Policy and Terms & Conditions.